mercredi 14 août 2013

Rencontre avec Javier Gomez (El Mercenario)

     Voici la 4ème interview d'un peintre pour qui j'ai une admiration profonde tant pour son travail de peinture que pour ses qualités humaines. J'ai nomme Javier Gomez alias El Mercenario


Quel âge as-tu ?
J’ai 35 ans

Où vis-tu ?
Bien que je sois natif de Madrid, cela fait 6 ans que je suis installé à Barcelone.

Depuis combien de temps peins-tu ?
Je ne m’en souviens pas précisément…  Tout petit, vers la fin des années 80, je jouais à Donjon et Dragons avec mes grands frères qui achetèrent alors les premières figurines mises sur le marché en Espagne. Le terme de « figurine » désignait alors un amas de plomb 100% toxique… Mon père était peintre et il y a donc toujours eu de la peinture à la maison. C’est ainsi que j’ai commencé. Peu à peu, je me suis mis à acheter aussi mes propres figurines et à la peindre… à la Humbrol.

Comment as-tu découvert le monde des figurines ?
Peu de temps après, mes frères ouvrirent un magasin de jeu et miniatures appelé « El Baluarte » (trad. : le bastion). J’y découvris d’abord différents jeux de rôles et des figurines heroic-fantasy (essentiellement Warhammer). Grâce à un ami passionné de wargames historiques, ils commencèrent à vendre des figurines d’autres marques et sans trop savoir pourquoi je me suis retrouvé à peindre des russes en 15mm et à jouer Premier Empire…

Peins-tu uniquement des figurines historiques ?
A 99,9%. Peindre implique une motivation et le fantastique, sauf rares exceptions (comme Game of Thrones), a cessé de m’intéresser depuis longtemps. D’après moi, il ne faut pas voir le fantastique comme un rival de l’historique

Quelles sont tes périodes favorites ?
Cela dépend des semaines, du dernier livre lu ou du dernier film vu… Je suis un « polytoxicomane » de ce hobby ! Cependant, la période napoléonienne aura toujours une place dans mon cœur.


Quelle est ton échelle favorite ? Quelles marques affectionnes-tu particulièrement ?
Toutes les échelles me plaisent : du 6mm au 40mm. L’échelle que j’ai le plus « travaillée » est, sans doute, le 28mm car elle offre le meilleur équilibre entre la taille, le niveau de détail, les possibilités de peinture, etc. Cependant, j’aime beaucoup les effets visuels que permettent les échelles inférieures et les possibilités qu’elles offrent non seulement au niveau des quantités de troupes mais aussi pour les décors réalisables. Récemment, j’ai été fasciné par le 10mm. 
En ce qui concerne les marques que j’affectionne, je citerai bien évidemment Perry Miniatures et Front Rank pour le 28mm, Warmodelling pour le 18mm et Pendraken pour le 10mm mais je suis capable de prendre du plaisir à peindre presque toutes les marques de figurines y compris celles qui ont conservé un style vintage comme Elite Miniatures
 
Comment as-tu commencé à peindre pour les autres ?
Assez tôt, j’ai accepté, alors que j’étais étudiant, de peindre en tant qu’amateur pour d’autres figurinistes. Tenir les délais était terrible car pour peindre il faut être motivé or à cette époque cela me coûtait un peu… Je peignais de tout : surtout de l’historique mais aussi quelques petites choses en fantastique. Petit à petit, je me suis professionnalisé et j’ai commencé à peindre plus rapidement (et donc à tenir les délais…) jusqu’à ce que dans es années 90, je fonde, avec David Gomez, El Mercenario. A partir de là, les choses changèrent : de grosses commandes arrivèrent notamment de la part de fabricants. Par ailleurs, durant deux ans, j’ai dirigé la revue Wargames, soldados y Estrategia ce qui m’a permis d’approfondir ma connaissance de notre hobby et du marché que celui-ci représente. Finalement, David prit une autre orientation professionnelle mais j’ai continué à peindre sur commande en temps que professionnel et à temps plein.


Quelles sont les règles que tu pratiques ? 
En vérité, je ne suis pas un grand joueur. J’aime l’histoire militaire, concevoir une armée (normalement prévue pour une règle particulière), commander les figurines, les peindre, les déployer sur une table ou réaliser un diorama pour les photographier ensuite.  Mais, en réalité, je crois que jouer, même si cela me plait, est ce qui me motive le moins. Cela dit, j’ai pratiqué différentes règles pour la période napoléonienne (Empire, Shako, règles « maison »), pour la guerre de sécession (Fire & Fury),  pour l’Antiquité (Impetus) et pour la seconde guerre mondiale (Command Decision, FoW).

Es-tu membre d’un club ?
A mon arrivée à Barcelone, je suis devenu membre du club Alpha Ares. Je dirai que c’est le plus grand club (environ 130 membres) et le plus ancien (cette année, il fêtera ses 30 ans) d’Espagne.  Depuis avril dernier, j’ai l’honneur d’en être le président.

As-tu un blog ? Un site ?
Non, je n’ai jamais eu de blog ni de page web. J’ai toujours eu trop de travail de peinture et un blog, en plus de me prendre du temps, risquerait de générer de nouvelles commandes que j’aurais du mal à honorer. Donc…

Comment a débuté l’aventure Desperta Ferro ?  
Tout a changé pour moi en 2010. Presque par hasard, j’ai rencontré deux personnes extraordinaire (Carlos de la Rocha y Alberto Pérez) avec qui le courant est passé immédiatement. Ensemble nous avons décidé de nous lancer, en pleine crise économique,  dans un projet de créer une revue d’histoire militaire consacrée à l’Antiquité et au Moyen-Age  (dont tu fus, Philippe, le premier abonné étranger). Notre premier numéro consacré à la chute de l’Empire romain au Vème siècle fut tiré à 2000 exemplaires et distribué dans des librairies et boutiques spécialisées. Trois ans plus tard, nous proposons deux versions de notre bimestriel : Desperta Ferro Antigua y Medieval et  Desperta Ferro Historia Moderna (consacrée au XVI-XIX siècles).  S’ajoute une collection de hors-séries dont le dernier volume est consacré à la batalla del Ebro (1938), notre première incursion dans le XXème siècle. Nous tirons aujourd’hui à 10000 exemplaires et nos revues sont distribuées dans de nombreux points de ventes.



Quels sont tes projets ?
Desperta Ferro est un projet fascinant et aux multiples facettes mais très prenant… Cela fait quelques temps que j’ai dû mettre de côté mon activité de peinture pour me consacrer exclusivement à l’édition. Malheureusement, cette activité ne me laisse plus de temps de peindre  pour moi. Même si je suis très heureux dans cette nouvelle carrière, j’espère que petit à petit, je pourrais à nouveau me consacrer à me vieille passion : la peinture des figurines. 

Merci à Javier pour ses réponses et je lui souhaite de pouvoir reprendre rapidement le chemin de sa table de peinture.  

A très bientôt pour une nouvelle interview. 

9 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cette interview ! D'autant que Javier est définitivement l'un de mes peintres préférés. :)

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  2. Effectivement les photos de figurines sont...hallucinantes, la qualité est vraiment exceptionnelle! Et bravo pour ce concept, encore une fois très intéressant.
    A bientôt,
    Phil.

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    1. Content que cette série d'articles intéresse. Et content de t'avoir fait connaître ce peintre de talent.

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  3. encore un super interview, et quel très bon peindre ;)

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    1. Merci pour ces encouragements qui me portent à poursuivre cette rubrique.

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  4. Salut,
    Encore un excellent peintre !!! J'avais vu quelques unes de ses œuvres dans les suppléments d'Impetus ... Aurais-tu d'autres photos de son armée romaine tardive ?
    Nikko

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  5. Excellente idée cette rubrique, on apprend tant de choses et de plus on découvre de splendides talents.
    Merci.
    Ludiquement

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  6. Mon peintre de figs préféré !
    Merci beaucoup pour l'interview.
    Benoit

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