Je viens de terminer la lecture de "Franco : Biographies croisées". Dans ce même livre vous trouverez une biographie de Francisco Franco écrite par Paul Preston, historien britannique faisant autorité sur le sujet, intitulée "Franco , les mythes du grand manipulateur" et, à la suite, une autre biographie d'Angel Palomino intitulé "Franco, pour l'Espagne, contre le communisme" (tout un programme...).
Vous l'aurez compris, les points de vue des deux auteurs sur le personnage sont diamétralement opposés. Autant j'ai lu avec attention la première partie du livre, autant la mauvaise foi d'Angel Palomino a fini par m'agacer...
Morceau choisi : nous sommes après la guerre civile et "L'armée nationale a gagné la guerre et Franco tourne son infatigable activité vers la gestion de la paix. Il voyage, parcourt personnellement le terrain (...). La paix est aussi un objectif, il faut la conquérir. Il s'agit de reconstruire l'économie (...), de faciliter le retour des Espagnols partis en France par la force de la propagande et de la fugitive milice marxiste". On est bien loin des propos tenus par Franco lors d'une interview donnée en 1936 au journaliste américain Allen : "Il ne peut y avoir d'accord ni de trêve. Je continuerai à préparer la marche sur Madrid. J'avancerai. Je prendrai la capitale. je sauverai l'Espagne du marxiste à n'importe quel prix". Allen répliqua alors : "Cela signifie-t-il que vous devrez tuer la moitié de l'Espagne ? " et Franco de répondre :"Je le répète, à n'importe quel prix".
J'allais oublier une préciser : Angél Palomino fut écrivain et journaliste notamment à Arriba !, journal phalangiste (donc soumis au pouvoir franquiste). Il faut donc prendre sa biographie, à mon sens, davantage comme une oeuvre de propagande post-guerre qui servit, avec d'autres écrits, à construire la légende du Franco sauveur de l'Espagne (Une, Grande et Forte ! ). Elle est donc éclairante sur le discours tenu dans l'Espagne franquiste et après la mort de Franco par les "nostalgiques".
Paul Preston est connu pour avoir écrit une autre biographie de Franco, plus "copieuse" que je vais m'empresser le lire (Je vous recommande aussi celle de Bartolomé Benassar).
Un beau (encore que beau n'est sans doute pas le mot) morceau choisi...brrrrr, froid dans le dos!
RépondreSupprimerA+.
Phil.
Pour Franco, il y avait les vainqueurs et les vaincus et comme on dit "Malheur aux vaincus...". Dans l'Espagne d'après guerre, les républicains qui sont restés ou les familles de ceux qui avaient fui ont eu la vie dure. Comme le proclamait le régime, il fallait "purger" le pays, le "purifier". Le régime de terreur fut de mise et les vaincus vécurent dans la misère (nécessité, par exemple, d'avoir un certificat de "bonne conduite" pour avoir un emploi...)...On ne va pas épiloguer plus longtemps.
SupprimerNéanmoins, je ne suis pas sûr que si les Républicains avaient été vainqueurs ils se soient montrés plus magnanimes... La Russie stalinienne aurait veillé à ce qu'une purge en bonne et due forme soit opérée.
C'est bien mon avis aussi. D'ailleurs un bon paquet des soviétiques qui sont passés par l'Espagne ont été "purgés" dès leur retour en Russie.
SupprimerEffectivement. Je crois que tous les historiens (les vrais...) sont d'accord pour dire que les deux camps ont commis des atrocités. Il s'agissait de l'opposition de deux conceptions radicalement opposées de la société et chaque camp comportait des extrémistes (comme toujours...)
SupprimerJ'ai oublié de parler de la loi de "Responsabilité politique" votée en 1939 et qui légalisait la poursuite des "vaincus"
SupprimerAh tiens, ce bouquin m'avait complètement échappé. Merci !
RépondreSupprimerTant que j'y pense, as-tu déjà eu l'occasion de lire "les Brigades Internationales de Franco" écrit par Sylvain Roussillonn et littéralement encensé par Benassar ? Pour tout dire, je ne savais pas trop à quoi m'attendre lorsque j'ai commandé le bouquin (d'autant que l'auteur est un ancien de l'AF) et je dois bien reconnaitre que j'ai eu une excellente surprise.
La page FB du bouquin en question (avec pas mal de photos peu connues) :
https://www.facebook.com/pages/Les-Brigades-Internationales-de-Franco-Par-Sylvain-Roussillon/368341399845249?ref=ts&fref=ts
J-B
Oui, j'ai beaucoup apprécié ce livre qui est le pendant de "L'espoir guidait leur pas" de Remi Skoutelsky sur les Brigades internationales. J'ai un autre livre sur le sujet "Tant pis si la lutte est cruelle".
RépondreSupprimerMerci pour le lien FB ;)